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Bouddhisme au féminin - Partageons nos aspirations, nos questionnements, nos compréhensions

 

Contributions

 

Zorro

Après le numéro consacré à l'importance de la pensée et des modèles qui en découlent, je voudrais vous faire partager mes réflexions concernant une série destinée aux enfants, l'une de ces séries increvables qui ont charmé des générations, je veux parler de Zorro.

Quel message donne-t-il aux enfants ?

Que si quelque chose ne va pas comme on pense que ce devrait aller, quelle solution doit-on adopter ? non pas la médiation, le dialogue, la voie pacifique et légale, toutes solutions incarnées dans le personnage (falot) de Don Diego rejetées avec mépris comme inefficaces et comme expression de lacheté.
Non la seule solution, c'est la "pointe de l'épée" comme le dit la célèbre ritournelle du début. La pointe de l'épée pour être toujours vainqueur !

Bien entendu, Zorro n'est qu'un exemple, mais je vous invite à bien questionner les messages envoyés à vos enfants, quelles valeurs leurs sont proposées, quels modèles, quelle vision de la femme et des femmes, quels personnages sont mis en valeur, etc.
C'est ainsi que le monde tourne, et plutot mal comme nous avons pu le remarquer... Monique

 

Monique,
Tout le monde ne connait pas Zorro par cœur. Il te faut préciser que Don DIEGO et Zorro sont une seule et même personne. Le personnage a deux visages, il est connu des autres comme Don Diégo, le pacifique, un peu niais, auquel personne ne veut s'identifier, tandis que, quand il se transforme en Zorro, le chevalier masqué, le justicier réglant les problèmes ‘’à la pointe de son épée ‘’, il devient le super héros admiré de tous !!

Et bien sû
r, nos petits garçons veulent tous devenir Zorro, ils adorent le personnage, les filles aussi d’ailleurs. Et pas que les enfants…

 

 

La prison de nos projections

A propos de la nouvelle rubrique : libérons nous de nos conditionnements, je voudrais souligner combien nous nous emprisonnons nous-mêmes dans nos projections et combien nous emprisonnons aussi les autres dans ce que nous projetons sur eux. C'est tout à fait frappant pour ce qui concerne les moines et lamas habillés de la robe monastique. Nous les parons immédiatement d'une sagesse infaillible, les médias ne font que renforcer le processus et on attend de ces lamas et de ces moines des paroles d'autorité et de sagesse sur tous les sujets imaginables.

Qu'ils aient des choses à dire sur la méditation et le controle de l'esprit parait tout à fait légitime puisque c'est le coeur de leur engagement et de leur vie (pas plus que des nonnes ! ), mais qu'ils soient des autorités sur des situations qu'ils n'ont jamais vécues qu'ils ne vivront jamais, c'est une autre chose, et à mettre en question. C'est bien sûr la même chose pour le pape et les ecclésiastiques en général, mais c'est particulièrement frappant pour les tulkus.
Depuis leur plus tendre enfance, leur vie s'est déroulée dans un monastère (d'hommes exclusivement), ils n'ont aucune connaissance pratique et directe du monde laïque et des difficultés que les laïques rencontrent pour trouver du travail, un logement, pour élever leurs enfants, etc... Il leur est pourtant demandé de délivrer des conseils à propos de tout ce qu'ils n'ont eux-mêmes jamais vécu. Et cela alors même qu'ils ont l'honnêteté de rappeler qu'ils ne sont pas encore éveillés.
(Quant à savoir si un éveillé est automatiquement omniscient sur tous les sujets, c'est une autre question qui a été débattue au sujet du Bouddha lui-même. Puisqu'il a changé le vinaya (les règles monastiques) à plusieurs reprises pour des situations qu'il n'avait pas prévues, on peut se dire que son omniscience spirituelle ne s'appliquait pas forcément à toutes les questions pratiques qui se posent dans l'existence.)

A Sagesses bouddhistes, le tulku de Kalou Rimpoche qui a dix-neuf ans s'est trouvé typiquement dans cette situation où la présentatrice lui demandait de délivrer un message pour les adolescents. Que pouvait-il connaitre du monde des adolescentes et adolescents occidentaux élevés dans un environnement si différent du sien ? Il ne pouvait que délivrer quelques paroles de la plus grande généralité, ce qu'il a fait avec une intelligente prudence.

Bien évidemment, il faut souligner aussi un conditionnement qui est si omniprésent qu'on ne le remarque généralement pas. Je veux parler de la figure de l'autorité. La domination masculine du monde y est écrasante au point que, dans l'inconscient collectif, l'autorité sur un sujet quel qu'il soit est nécessairement masculine.
A nouveau Sagesse Bouddhistes en est l'illustration frappante : la présentatrice est la femme, jeune, ignorante qui interroge l'homme, l'autorité, qui lui délivre son message de connaissance qu'elle reçoit avec humilité et gratitude. Les émissions sont pratiquement toujours bâties sur ce schéma.

Changeons notre regard et mettons en question nos projections et nos attentes. Danièle

Tulkus

Après la contribution de Danièle, j'ai trouvé très intéressante l'émission sur les tulkus sur Sagesses Bouddhistes (30 mai 2010):

Cette "idée" des tulkus, pour reprendre le terme du lama Tcheuky est très populaire, elle rassure sur la réincarnation, elle est du pain bénit pour les médias, mais quelle réalité recouvre-t-elle ?

 

Très intéressante cette émission qui pointe que justement le fait qu'un tulku N''EST PAS forcément l'émanation d'un grand maitre disparu, il peut être simplement l"administrateur d'un monastère" qui n' a pas de qualification spirituelle particulière, ou une "émanation par bénédiction" (c'est-à-dire quelqu'un de tout à fait différent de la personne disparue) et enfin seulement quelques rares tulkus méritent ce titre en étant véritablement des "réincarnations' d'un grand maitre. En plus, le lama Tcheuky a été assez discret mais clair sur le fait que parfois des tulkus ne sont pas à la hauteur de leur supposée précédente incarnation.

Après tout, le souvenir d'un bol ou d'un objet appartenant à quelqu'un d'autre n'est pas nécessairement la preuve que la personne disparue s'est réincarnée entièrement dans cette nouvelle enveloppe corporelle. Et en plus, Ian Stevenson qui a collecté tellement de souvenirs de vies antérieures a connu des enfants qui se souvenaient de beaucoup plus de choses que la plupart des tulkus et ils n'en étaient pas du tout pour autant des maitres spirituels, la plupart n'étaient que des enfants ordinaires.

Je me souviens très bien avoir lu dans Alexandra David Neel qui connaissait tellement bien le monde du bouddhisme tibétain qu'à son avis, le système des tulkus empêchait l'émergence de nouveaux maitres, et qu'il serait préférable pour la tradition tibétaine que les maitres soient reconnus pour leurs qualités spirituelles actuelles dans cette vie plutôt que vénérés en raison de souvenirs se rapportant à quelqu'un d'autre, sans compter que cela doit être très lourd à porter d'être un tulku, comme on le voyait bien dans l'émission présentant le tulku de Kalou Rimpoche qui disait avec humilité que Kalou Rimpoche était un grand méditant, ce qui sous entend qu'il lui faudra nécessairement être à la hauteur du titre qu'il porte, ce qui ne doit pas être évident. Yolande

 

 

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